La Gambie adhère à l’OHI : Renforcement des capacités hydrographiques en Afrique de l’Ouest
Date de publication: 13/05/2025 - 09:37L’Organisation hydrographique internationale (OHI) est fière d’accueillir la République de Gambie en tant que nouvel Etat membre, ce qui marque une étape importante pour l’Organisation et pour la région de l’Afrique de l’Ouest. Avec cette adhésion, la communauté hydrographique mondiale continue de s’étendre en Afrique, soulignant la reconnaissance croissante de l’importance de l’hydrographie pour la sécurité de la navigation, mais aussi pour la gestion des zones côtières, le tourisme, les obligations découlant de la CNUDM et bien d’autres domaines.
Une nation maritime stratégique
Située sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest, la Gambie bénéficie de 80 km de côtes et d’un fleuve navigable qui s’étend sur plus de 400 km à l’intérieur des terres. Le port de Banjul, situé à l’embouchure du fleuve Gambie, est la principale porte d’entrée maritime du pays. Il traite plus de 80 % du commerce national, avec plus de 2,7 millions de tonnes de marchandises enregistrées en 2024. Les principales compagnies maritimes mondiales assurent des liaisons régulières vers ce port.
Cependant, malgré le rôle essentiel du transport maritime dans l’économie gambienne, le pays est confronté à des défis importants dans le domaine de l’hydrographie. Une grande partie de ses zones fluviales et côtières restent inexplorées ou n’ont pas été cartographiées depuis les années 1940, ce qui limite la sécurité de la navigation, l’efficacité des ports et la capacité à gérer efficacement son environnement marin.
Une avancée stratégique
A propos de cette étape importante, l’honorable ministre des Transports, des Travaux publics et des Infrastructures de la Gambie, Ebrima Sillah, a déclaré :
« L’adhésion à l’Organisation hydrographique internationale n’est pas seulement une affirmation de notre engagement en faveur des normes maritimes mondiales ; il s’agit d’une avancée stratégique vers l’amélioration de la sécurité de la navigation, la promotion du développement économique et la protection de nos précieuses ressources marines. En s’alignant sur les meilleures pratiques internationales en matière d’hydrographie, la Gambie se positionne comme un acteur maritime responsable, garantissant des eaux plus sûres pour notre industrie maritime et des pratiques durables pour les générations futures. »
Ouvrir de nouvelles opportunités
En tant qu’Etat membre de l’OHI, la Gambie va désormais bénéficier d’une coopération internationale renforcée, d’un soutien technique accru et d’un accès aux meilleures pratiques mondiales dans plusieurs domaines clés, notamment :
Tourisme et navigation de plaisance
Le tourisme est un secteur vital et en pleine croissance en Gambie. Le littoral et les voies navigables intérieures du pays, en particulier le fleuve Gambie, offrent de nombreuses possibilités d’écotourisme, de croisières fluviales, d’observation des oiseaux et d’excursions culturelles, notamment vers des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les compagnies de croisière et les plaisanciers font de plus en plus escale au port de Banjul, et certains navires s’aventurent même dans les eaux intérieures pour explorer les trésors naturels et historiques le long du fleuve.
Cependant, de nombreuses zones restent inexplorées, ce qui limite l’accès en toute sécurité à des destinations pittoresques et isolées. Des cartes marines précises, issues de levés hydrographiques modernes, sont essentielles pour améliorer la sécurité de la navigation et exploiter pleinement le potentiel du tourisme maritime.
Pour de nombreux pays, le tourisme représente une source importante de revenus et d’emplois.
Sécurité de la navigation
L’Autorité portuaire de Gambie est la plaque tournante du commerce maritime international du pays et tout le trafic maritime à destination de la Gambie passe par le port de Banjul. Le fleuve Gambie et les voies navigables intérieures et côtières constituent des voies commerciales vitales pour le pays. Des cartes marines à jour et des données hydrographiques fiables sont essentielles pour garantir la sécurité de la navigation, d’autant plus que le trafic continue de croître et de se diversifier.
Gestion des zones côtières
L’entretien des chenaux d’accès au port et des postes d’amarrage, ainsi que des projets tels que le développement d’un nouveau port en eau profonde le long de la côte atlantique, nécessitent des travaux de dragage qui reposent largement sur des informations hydrographiques précises. Ces données soutiendront également les initiatives nationales en matière de remise en état des terres et de développement des infrastructures, toutes alignées sur la politique nationale des transports de la Gambie.
En outre, les levés hydrographiques fourniront les données nécessaires aux projets relevant des conventions auxquelles la Gambie est partie, telles que la Convention d’Abidjan.
Exploration des ressources marines
Les levés hydrographiques peuvent contribuer à identifier les suintements d’hydrocarbures sous-marins et à soutenir l’exploration énergétique offshore. En tant qu’Etat membre de l’OHI, la Gambie bénéficiera de l’ensemble des initiatives de renforcement des capacités et aura accès à un réseau d’experts. La Gambie vise à renforcer sa capacité à mener des levés multifaisceaux et à interpréter la géologie des fonds marins, afin de libérer le potentiel de développement futur des ressources.
Protection de l’environnement
L’hydrographie est l’une des disciplines qui peuvent fournir des informations dans le cadre de l’évaluation des impacts environnementaux liés au dragage et à la construction, ainsi que pour la gestion des sanctuaires marins et des zones protégées. Les données issues des levés hydrographiques sont intégrées dans les systèmes d’information géographique (SIG) utilisés par les agences environnementales pour orienter les décisions politiques et réglementaires.
La CNUDM et le plateau continental étendu
Les parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) peuvent, dans certaines circonstances, accéder aux ressources naturelles jusqu’aux limites extérieures de leur plateau continental, ce qui nécessite des données hydrographiques et géologiques solides pour être justifié. Grâce au renforcement de leurs capacités en matière d’hydrographie, les Etats membres de l’OHI, tels que la Gambie, peuvent tirer parti des ressources naturelles dont ils disposent.
Perspectives d’avenir
« Les responsabilités hydrographiques d’un État côtier en développement comme la Gambie ne sont pas faciles à assumer pour des raisons économiques et en raison du manque de capacités adéquates en termes de personnel qualifié et d’équipements hydrographiques et/ou de levés. Cependant, grâce à la coopération technique mise en place dans le cadre d’organisations internationales telles que l’OHI, l’OMI ou l’ONU, ou à des accords bilatéraux entre Etats, ces défis peuvent être surmontés. L’OHI, en tant qu’organisation consultative intergouvernementale qui établit des normes pour les levés hydrographiques et la production de cartes, offre des conseils techniques et un renforcement des capacités à ses Etats membres afin qu’ils puissent s’acquitter de leurs responsabilités en matière d’hydrographie. Tous ces éléments ont fortement motivé la Gambie à devenir membre de l’OHI. »
- Capitaine Kulay Manneh, capitaine du port de Banjul
Le parcours vers l’adhésion
Le parcours de la Gambie vers l’adhésion à l’OHI a été façonné par plus de deux décennies d’engagement. A la suite des visites techniques de l’OHI en 2003, 2017 et 2019, les autorités nationales ont reconnu l’importance de créer un service hydrographique national. Ces missions ont contribué à sensibiliser les parties prenantes, à identifier les lacunes en matière de capacités et à recommander des mesures pratiques pour renforcer les capacités nationales en matière d’hydrographie.
L’adhésion à l’OHI offre un accès à des formations, à une expertise technique et à un réseau mondial de professionnels de l’hydrographie. Elle confirme également l’engagement de la Gambie à renforcer la sécurité maritime et à promouvoir les opportunités offertes par l’économie bleue. Nous souhaitons la bienvenue à la Gambie !
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