La transition vers les services de données numériques et d'autres priorités débattues au Conseil de l'OHI
Date de publication: 25/10/2022 - 12:15Les représentants de 26 pays siégeant au Conseil de l'OHI et des observateurs se sont réunis la semaine dernière à Monaco afin de passer en revue les travaux réalisés et d'établir les priorités pour les années à venir. Parmi les sujets abordés figuraient les progrès réalisés dans la transition vers les services de données numériques grâce à la mise en œuvre de la S-100, le Modèle universel de données numériques, ainsi que la contribution de l'hydrographie à des initiatives mondiales telles que le Jumeau numérique de l'océan.
Plus de 70 participants ont assisté à la 6ème réunion du Conseil de l'OHI présidée par le Dr Geneviève Béchard du Canada.
De nombreux débats ont porté sur l'élaboration des nouvelles normes S-100 et sur la mise en œuvre des services S-100, qui sont essentiels pour passer des simples cartes électroniques de navigation (ENC) à des systèmes de géo-information numériques capables de recevoir et de traiter des données sur un large éventail de thèmes et de disciplines, tels que les aires marines protégées, les avertissements de navigation, les courants de surface, le niveau de l'eau, la topographie détaillée des fonds marins, etc.
La République de Corée a présenté les résultats du projet de banc d'essai S-100 organisé conjointement avec les États-Unis d'Amérique et qui confirme les quatre principaux avantages de la S-100 : sécurité accrue de la navigation, efficacité améliorée, capacité de charge optimisée pour les navires et ouverture de la voie à la navigation autonome. Pendant le test, les participants portaient un équipement Eye-tracker permettant de suivre le mouvement des yeux lors de l'utilisation des nouveaux produits numériques S-100, par rapport aux produits traditionnels. En plus de donner un aperçu de la façon dont les navigateurs utilisent les outils de navigation à bord, informations qui peuvent être utilisées pour adapter les nouveaux produits, les résultats ont également montré que les solutions S-100 avaient une plus grande facilité d'utilisation et étaient plus confortables à utiliser. Le test a également mis en évidence les avantages économiques des produits basés sur la S-100 : grâce à l'utilisation d'informations en temps réel sur la profondeur et les courants, les utilisateurs ont pu identifier des routes alternatives plus sûres et des distances plus courtes, ce qui a permis de réduire la consommation de carburant. Il a été estimé que l'utilisation de ces produits S-100 pourrait réduire les coûts de consommation de carburant de 45% par an.1
Une fois la S-100 mise en œuvre, disposer de machines capables de lire et de traiter des données en temps réel conformément à la norme faciliterait également le développement de ports intelligents et permettrait aux navires d'optimiser leur capacité de chargement et leurs routes, ce qui se traduirait par une diminution du nombre de navires en mer, des périodes d'attente plus courtes en dehors des ports et une réduction des émissions de CO2. Enfin, ces données ouvriraient également la voie à une navigation autonome de port à port.
Les résultats du projet de banc d'essai S-100 confirment les quatre principaux avantages de la S-100 : sécurité accrue de la navigation, efficacité améliorée, capacité de charge optimisée pour les navires et ouverture de la voie à la navigation autonome
Le concept S-100 est en train de devenir une réalité et les membres du Conseil ont été informés de l'état d'avancement de sa mise en œuvre, ainsi que des engagements et des dates cibles associés. Ceci fait suite à la neuvième réunion du Sous-comité de la navigation, des communications, de la recherche et du sauvetage (NCSR9) de l'Organisation maritime internationale (OMI) en 2022 qui a avalisé la proposition initiée par l'OHI d'inclure les jeux de données compatibles S-100 en tant que format valide dans l'ECDIS. Les Etats membres de l'OHI et les parties prenantes sont encouragés à soutenir activement le développement des ENC S-101 et des autres spécifications de produit S-1xx et à accélérer potentiellement la livraison des versions opérationnelles de certains produits. La nouvelle stratégie de renforcement des capacités avalisée par le Conseil servira de base à la communauté mondiale pour assurer la transition vers des services numériques améliorés.
Les membres du Conseil ont également débattu de la manière dont l'hydrographie peut contribuer à certains des débats qui se déroulent sur la scène internationale, comme la manière dont elle peut contribuer à la création du jumeau numérique de l'océan. Plus qu'un simple modèle, le jumeau numérique constituera un environnement virtuel disposant de flux de données en temps quasi réel reproduisant les paramètres de l'environnement océanique afin de faciliter le développement et la mise à l'essai de nouvelles technologies, mais aussi la modélisation des changements dans l'environnement marin, tels que ceux induits par le changement climatique ou les activités humaines. Le jumeau numérique de l'océan pourrait servir de passerelle entre les connaissances scientifiques et la prise de décision.
Il était nécessaire d'améliorer et de diversifier les informations contenues dans le jumeau numérique, la vision étant de mettre en place une plateforme sur laquelle divers systèmes de données pourraient être branchés, reliant la communauté et les services avec des systèmes robustes et interopérables dans le monde entier. La communauté de la prédiction océanique utilise déjà certaines normes internationales, mais elles ne font pas partie d'un cadre reconnu. C'est pourquoi le modèle universel de données hydrographiques S-100 présente un intérêt. Par exemple, l'utilisation de la norme S-111 pour recueillir des données sur les courants de surface en vue de l'élaboration de produits hydrographiques dynamiques pourrait contribuer à éliminer l'obstacle que constitue l'utilisation de différents formats.
Pierre Bahurel, Directeur Général de Mercator Ocean International
La réunion était présidée par le Dr Geneviève Béchard du Canada et elle a rassemblé plus de 70 participants. Les résultats de la réunion du Conseil guideront les actions d'ici à l'Assemblée de mai 2023 qui réunira tous les Etats membres de l'OHI, l'industrie et les observateurs.
La session du Conseil est le point d'orgue de l'année de travail de l'OHI. En se réunissant au Secrétariat de l'OHI, les membres du Conseil réfléchissent aux progrès accomplis et prennent des décisions pour les prochaines étapes en matière de normalisation technique et de soutien au renforcement des capacités.
Dr Mathias Jonas, Secrétaire général de l'OHI
La liste complète des sujets traités et des décisions est disponible ici.
[1]Estimation fournie par l'Agence hydrographique et océanographique coréenne (KHOA) qui a effectué les essais.
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