Les membres du Conseil débattent des progrès réalisés dans la transition vers la navigation intelligente et plus encore

Date de publication: 25/10/2024 - 15:44

130 participants représentant 45 Etats membres, observateurs et organisations partenaires se sont réunis au Secrétariat de l'OHI à Monaco et en VTC pour la réunion annuelle du Conseil du 15 au 17 octobre. Les participants ont débattu de sujets couvrant l'éducation et la formation, la technologie, un nouveau centre d'infrastructure potentiel et bien sûr la transition vers la navigation intelligente. La fourniture de produits et de services devant débuter en janvier 2026, bon nombre des débats ont porté sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la S-100, le modèle universel de données hydrographiques.

Les principaux buts de la réunion étaient d'examiner le plan de travail, de faire le point sur les progrès accomplis et de décider des domaines prioritaires pour l'année à venir.

Le Conseil joue un rôle central au sein de l'OHI car il suit les progrès des actions décidées par les Etats membres au cours de l'Assemblée. Il offre également aux Etats membres, tant aux membres du Conseil qu'aux observateurs du Conseil, l'occasion de se réunir et de débattre de questions importantes.

Pia Dahl Højgaard, présidente du Conseil de l'OHI

Les efforts s'accélèrent dans le monde entier pour la transition vers une navigation intelligente basée sur la S-100, et plusieurs pays ont déjà commencé les essais en mer. L'Australie, par exemple, a créé un groupe de réflexion sur le banc d'essai S-100 qui réunit les entités gouvernementales et les parties prenantes du secteur maritime concernées. Grâce à cette coopération efficace, elle a pu créer des ensembles de données basés sur la norme S-100 et a réalisé un essai de navigation réussi : le navire école italien Amerigo Vespucci a reçu des cartes électroniques de navigation basées sur ces données (ENC S-101) qu’il a utilisées pour sa navigation depuis son entrée dans les eaux australiennes jusqu'à son arrivée dans le port de Darwin.

Afin de permettre à un plus grand nombre de pays d'effectuer des essais de produits et de services S-100, et à la suite de l'avalisation par le Conseil de la proposition de créer des zones d'essai en mer S-100 partout dans le monde, le Canada invite les pays à participer à la zone d'essai en mer S-100 du Saint-Laurent. Prévu pour débuter au printemps 2025, l'exercice comprendra des sessions techniques en ligne en français et en anglais. Toutes les données nécessaires seront fournies par le gouvernement canadien et seront mises à la disposition des participants à l'essai. Les commentaires sur l'essai en mer seront transmis au groupe de travail de l'OHI sur la S-100.

Dans le cadre des efforts visant à mettre en œuvre la formation à la technologie, à maintenir l'infrastructure technologique et à fournir un soutien à ces nouveaux systèmes de navigation, les membres du Conseil ont également avalisé la mise en place d'un centre d'infrastructure provisoire hébergé par l'Agence hydrographique et océanographique de Corée (KHOA). Le siège de l'OHI resterait à Monaco et superviserait toutes les activités du centre, y compris la responsabilité de la prise de décision, la gestion des opérations et la garantie d'une collaboration efficace entre les différentes entités. La mise en place d'un centre d'infrastructure permanent serait débattue et votée lors de la prochaine réunion de l'Assemblée de l'OHI, en avril 2026.

La transition vers la navigation intelligente offrira des avantages considérables grâce à des systèmes capables d'ingérer et d'afficher des données en temps quasi réel pour certains paramètres. À l'instar des cartographies des smartphones qui affichent les routes et superposent des informations sur les services à proximité, comme les restaurants ou les centres d'intérêt, le but est de mettre au point un système similaire pour les mers, mais axé sur le trafic. Les outils de navigation développés dans ce cadre pourraient à l'avenir intégrer divers paramètres tels que les courants océaniques, la météo et les informations portuaires en plus de la couche de base que constitue la profondeur. Ces informations permettraient d'optimiser les routes en tirant parti des courants et des vents, en planifiant les voyages sur la base des dernières informations relatives à la profondeur afin d'emprunter la route la plus directe, ou en évitant les zones peu profondes. Cependant, cette transition pourrait également nécessiter l'adaptation de certains processus. Javier Yasnikouski, chef de la sécurité opérationnelle à la division de la sécurité maritime de l'Organisation maritime internationale, a présenté le plan de mise en œuvre de la S-100. Il a mis l'accent sur certains facteurs à prendre en compte pour réussir, tels que la mise à jour des méthodes d'échange de données, les changements réglementaires, la formation des utilisateurs et la coordination avec les fournisseurs d'informations. En décembre, le Comité de la sécurité maritime de l'OMI examinera une proposition visant à élaborer des orientations pour un cadre mondial sur la diffusion des données et la connectivité basée sur le protocole Internet afin de libérer tout le potentiel de l'ECDIS S-100.

De nombreuses sessions du Conseil ont également porté sur la technologie et sur la meilleure façon d'aider les Etats membres à tirer profit des nouveaux développements. L'un des nouveaux projets du laboratoire OHI-Singapour pour l'innovation et la technologie a été présenté : bon exemple de la large applicabilité de l'hydrographie, le projet étudiera comment améliorer l'intégration des données terrestres et maritimes afin de mieux comprendre les impacts environnementaux dans la zone côtière. Il vise à soutenir la prise de décision dans l'évaluation des effets du changement climatique et des catastrophes naturelles en améliorant les données de soutien qui sont essentielles pour la prévision de l'élévation du niveau de la mer, des ondes de tempête et d'autres questions vitales pour les communautés côtières.

Les membres du Conseil ont également avalisé la création d'un groupe de travail chargé d'examiner le plan stratégique de l'OHI pour 2027-2032. Son but sera d'établir les priorités de travail et les domaines d'intérêt de l'Organisation pour cette période et il jouera un rôle majeur dans l'orientation de l'Organisation. Il s'agira par exemple d'examiner à quelles initiatives mondiales l'OHI devrait contribuer et de formaliser ces travaux. Bien que les données météorologiques océaniques soient essentielles à la sécurité de la navigation, par exemple, et que l'OHI travaille depuis longtemps avec des partenaires internationaux sur ce sujet, elles ne sont pas à proprement parler recueillies « par l'intermédiaire » de l'hydrographie.  Il s'agit d'un domaine qui pourrait être renforcé et formalisé dans le nouveau plan stratégique.  Tous les Etats membres de l'OHI sont invités à désigner des représentants pour participer aux débats et contribuer à l'orientation de l'Organisation.

Avec la mise en service des éditions opérationnelles des nouvelles spécifications des produits de la S-100 annoncées pour la fin de l'année - celles qui seront utilisées sur les nouveaux ECDIS S-100 hybride à partir de 2026 - une étape importante a été franchie au sein de l'OHI. Cette réunion du Conseil a confirmé la prise de conscience et l'engagement des Services hydrographiques des Etats membres de l'OHI du monde entier à créer, tant au niveau national qu'au niveau régional par l'intermédiaire des CHR, les conditions d'une mise en œuvre mondiale réussie. Cette étape positive et décisive ne doit cependant pas occulter les défis que l'OHI doit relever de manière coordonnée avec les autres parties prenantes de la chaîne de diffusion des services de données S-100. Oui, l'OHI est technique et consultative par essence, mais plus de 50 ans après les premières cartes marines normalisées et partagées sur tous les ponts du monde, l'OHI s'implique de plus en plus dans le monde maritime numérique et opérationnel. Et il n'y a pas d'autre moyen que de naviguer vent arrière vers l'avenir de la navigation électronique.

Dr Mathias Jonas, Secrétaire général de l'OHI

Le Conseil a été présidé par Pia Dahl Højgaard du Danemark (Geodatastyrelsen)


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Dernière modification: 05/11/2024 - 07:40