Nouveau guide sur la précision des informations de profondeur sur les cartes électroniques de navigation - ENC
Date de publication: 20/10/2020 - 13:18La précision des informations fournies sur les cartes électroniques de navigation peut considérablement varier en fonction de la date à laquelle le levé en mer a été exécuté pour recueillir les données, du type de technologie utilisée, ainsi que de la couverture du fond marin.
Dans certaines zones, la position réelle des dangers potentiels peut considérablement différer, horizontalement et verticalement, de ce qui est indiqué sur les cartes. Afin d'aider les navigateurs à prendre des décisions éclairées grâce aux données de leurs systèmes de navigation embarqués, l'OHI a publié un nouveau guide sur la manière d'évaluer la précision et la fiabilité des données de profondeur et leur position sur les cartes électroniques de navigation (S-67).
L'un des éléments clés de ce guide est une explication de la "Zone de confiance", un système de catégories correspondant à différents niveaux de précision. Les données sources sont classées en six catégories, allant d'une précision élevée à une précision faible à l'autre bout du spectre, avec une catégorie « Non évalué ». Les différences de qualité des données pourraient signifier que la représentation de la position des obstacles peut varier en précision de +/- 5 mètres à plus de 500 mètres, et varier en profondeur de +/- 0,5 mètre à plus de +/- 7 mètres. Si l'on considère que seulement 5 % des eaux côtières du monde sont classées comme ayant les informations de profondeur les plus précises, cela montre à quel point il est vital pour les navigateurs de comprendre parfaitement comment évaluer les données affichées.
Globalement la disponibilité et la précision des données des levés ont augmenté depuis les années 1990 grâce aux progrès de la technologie et notamment grâce à l'utilisation du GPS. Chaque année, notre connaissance des océans s'améliore, ce qui pourrait laisser croire que les informations représentées sur les cartes sont exactes à 100 %. Tandis que les images satellites modernes peuvent être utilisées pour corriger la position de nombreux éléments offshore visibles isolés, tels que les îles ou les récifs, tout élément situé à quelques mètres au-dessous de la surface de l’eau est susceptible de rester invisible, et donc d'être cartographié avec un écart par rapport à sa position réelle. Il reste encore beaucoup de choses que nous ignorons, et de nombreux endroits demeurent non hydrographiés ou bien nous disposons d'informations obsolètes à leur sujet.
« Les données de certaines cartes marines sont encore extraites de levés qui ont été effectués il y a plus de 100 ans. Non seulement l'environnement marin a pu changer au cours de cette période, mais la technologie s'est améliorée, ce qui signifie que nous pourrions obtenir des informations plus précises. »
Dr Mathias Jonas, Secrétaire général de l’OHI
Alors que sur des cartes papier, les diagrammes des sources fournissent des informations sur la source des données, pouvant permettre de déduire la précision, ce n’est pas toujours aussi clair avec les alternatives numériques. Les systèmes de visualisation des cartes électroniques et d’information (ECDIS) contiennent des informations relatives à la précision des données, mais pour visualiser la symbologie relative aux Zones de confiance, les navigateurs doivent activer la couche « information on chart display layer ». Etant donné que cette dernière encombre l’écran, certains la désactivent lors de la planification de la route et lors du voyage. L’objectif du nouveau guide de l’OHI est de fournir davantage d’informations concernant les différents niveaux de précision afin que les navigateurs saisissent complètement la différence potentielle entre les informations affichées et le possible réel emplacement d’un obstacle.
« Une bonne qualité des données ne signifie pas que la qualité des données est bonne, cela signifie que l’utilisateur final est bien informé du niveau de qualité des données. »
Rogier Broekman
La question prendra encore plus d’importance avec le développement de la navigation autonome : pour que les navires puissent naviguer en toute sécurité, il doit exister une mesure de la qualité des données lisible par une machine.
Rogier Broekman, directeur de la section Géodésie et marées du Service hydrographique de la Marine royale des Pays-Bas, a mené le groupe de travail de l’OHI sur la qualité des données, qui a rédigé ce « Guide du navigateur sur la précision des informations de profondeur contenues dans les ENC » (Publication de l’OHI S-67). Ce guide est destiné à compléter la Publication de l’OHI S-66 – « La carte marine et les prescriptions d’emport : les faits », en vue de fournir une connaissance plus « en profondeur » de la manière dont le navigateur devrait interpréter les informations qui lui sont présentées. Les lecteurs sont aussi encouragés à consulter les directives relatives aux politiques nationales sur la catégorie des informations de précision de la profondeur appliquée dans les ENC, comme les manuels des navigateurs, ainsi que les sites web des autorités hydrographiques, le cas échéant.
Yves Guillam, adjoint aux Directeurs au Secrétariat de l’OHI, cite Jacques Cassini (1722), selon lequel « Il vaut mieux ignorer absolument où l’on est, et savoir qu’on l’ignore, que de se croire avec confiance là où l’on n’est pas ».
Plusieurs représentants de l’industrie ont participé au groupe de travail et ont contribué à l’élaboration de ce guide, y compris des compagnies de transport maritime et de croisière.
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